Fr: Le visage de l’un des premiers Maçons français découvert

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Le visage de l’un des premiers Maçons français découvert

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Dans les premières années de l’Ordre en France, les liens entre Maçons britanniques et français sont encore très forts. Quelques Français ont d’ailleurs été reçus Maçons lors de séjours à Londres. Le cas le plus célèbre est bien sûr celui de Montesquieu. Ainsi le British Journal du samedi 16 mars 1730 nous rapporte que :

« mardi soir [le 12 mars donc] à une Tenue de Loge à la Horn Tavern, dans Westminster, où étaient présents le Duc de Norfolk, Grand-Maître, Nathaniel Blakerby, vice Grand-Maître, et d’autres grands officiers, ainsi que le Duc de Richmond, Maître de la Loge, le marquis de Beaumont, Lord Mordaunt, le marquis de Quesne et plusieurs autres personnes de distinction, les nobles étrangers ci-dessous, Charles-Louis président Mon­tesquier (sic), Francis comte de Sade… furent reçus membres de l’Ancienne et Honorable Société des Francs-Maçons».

Si Montesquieu est bien connu, le second l’est surtout par son sulfureux fils, le marquis de Sade. Cette semaine une vente de la famille Sade – dont le marquis était naturellement la figure emblématique – nous permet de mettre un visage sur son père le comte et de découvrir ainsi les traits de l’un des premiers Maçons français. Mercredi dernier 15 juin, les commissaires-priseurs Tessier-Sarrou proposaient une série de souvenirs historiques de la famille Sade. On y trouvait naturellement beaucoup de pièces relatives au « Divin marquis ». Mais le principe de cette vacation était de ne retenir que les témoignages de la vie familiale et quotidienne à l’exclusion de ceux touchant ses mœurs particulières et sa spécialité littéraire (d’où d’ailleurs des enchères moins élevées que celles qui avaient été espérées). Notre ami Jean-Pierre L. a alors attiré notre attention sur le lot n°3, un magnifique portrait du comte de Sade, celui-là même qui fut reçu Maçon le 12 avril 1730 à Londres en compagnie de Montesquieu. Ajoutons que Jean-Baptiste de Sade poursuivit ensuite son parcours maçonnique en France où il rejoint l’une des premières Loges parisiennes : Saint-Thomas au Louis d’Argent. Nous pouvons donc maintenant mettre un visage sur l’un des premiers Maçons français connus.

Estimé entre 30.000 et 40.000 Euros, le portrait du comte de Sade trouva finalement acquéreur à 30.000 Euros « au marteau » (soit 39.000 avec les frais et taxes). Nous reproduisons ci-dessous la notice proposée par le catalogue Tessier-Sarrou.

Portrait de Jean Baptiste François de Sade (1701-1767), comte de Sade, père du marquis. Toile 84,5 x 64 cm. Une tradition familiale attribue ce tableau à Jean-Marc NATTIER. Provenance: Collection Xavier de Sade (selon une étiquette au revers).

Exposition: Sade un humanisme impossible, Cologny, Fondation Bodmer, 2014 – 2015.

Jean Baptiste de Sade, homme politique et libertin, était le père du célèbre écrivain, Donatien Alphonse François de Sade, dit le marquis de Sade. Entreprenant seigneur de Saumane et de Lacoste et coseigneur de Mazan, il quitte le Vaucluse pour la cour, devenant le favori et le confident du Prince de Condé. Il est connu pour avoir été un grand séducteur et un libertin prodigue. De grands noms de la cour se sont entichés de ses charmes, les duchesses de la Trémaille ou de Clermont. Son amour pour les femmes ira jusqu’à séduire la soeur de son confident, Mademoiselle de Charolais. Jean-Baptiste de Sade s’illustre également dans une carrière militaire et politique. D’abord Capitaine des dragons puis aide de camps lors des conquêtes de 1734 et 1735, il est nommé en 1739, lieutenant général des provinces de Bresse, Burgey, Valromey et Gex. Il est intermédiaire pour le compte de la couronne française lors d’une réunion secrète à Londres et il est fait ministre plénipotentiaire auprès de l’électeur de Cologne. Son apothéose politique est vite rattrapée par ses déboires et imprudences envers la maîtresse du roi Louis XV. Vers la fin de sa vie, il abandonne toutes occupations politiques et se retire dans l’abbaye Saint Victor de Marseille, à la recherche d’un apaisement spirituel. Jean Baptiste de Sade est un homme lettré. Il laisse derrière lui plusieurs manuscrits dont des recueils religieux et moraux et des recueils d’anecdotes ainsi qu’un ensemble de correspondances durant les guerres de 1741 à 1746.

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